Éthiopie. 6/ Le saut du taureau
Yvonne, une lectrice du Blog, me demande :
Pourquoi ne photographiez-vous que des femmes ? Il y a rarement des hommes dans vos reportages. Refusent-ils de se laisser photographier ?
Je vous l’accorde : mes photos d’expéditions comportent une majorité de femmes extraordinaires des pays du café. Mais, aujourd’hui, je vais vous étonner. Je mets aussi à l’honneur les jeunes hommes Hamer qui préparent l’épreuve de l’Ukuli, le passage à l’état adulte…
Demain, un jeune homme Hamer passera la plus grande épreuve de sa vie, celle qui lui permettra de devenir adulte. S’il réussit, il pourra se marier, posséder un troupeau, participer au conseil des Anciens, et enfin… porter une kalachnikov et partir à la guerre contre les tribus ennemies, surtout les Mursi qui leur volent femmes et bétail.
Nous verrons plus loin en quoi consiste cette épreuve.
![]() |
![]() |
Les jeunes filles à marier se mettent en marche vers le lieu de la cérémonie.
![]() |
![]() |
Dans un vacarme assourdissant, elles brandissent des kalachnikovs et des bâtons. Chants, trompettes, sifflets, tout est bon pour se faire remarquer des jeunes hommes.
Pour attirer les hommes, elles ne doivent pas seulement être jolies, travailleuses ou posséder un bétail important. Avant tout, elles doivent prouver leur courage et savoir défendre le village en l’absence des hommes.
![]() |
![]() |
Elles provoquent et même injurient les jeunes guerriers, à peine adultes, donc célibataires et aptes à les épouser. Elles exigent de se faire fouetter. Toute leur vie, elles en conserveront les cicatrices, preuves de leur bravoure.
![]() |
![]() |
![]() |
Les maza, récemment initiés, se maquillent pour séduire les jeunes femmes.
Durant un mois, il ne se nourrit que de lait et de miel afin de se purifier. Son parrain lui fait visiter les endroits sacrés du territoire Hamer : là où un guerrier a tué un lion, là où les Hamer ont vaincu leurs ennemis, la montagne où vivaient leurs ancêtres. |
Les maza rassemblent les taureaux flanc contre flanc. Mais les femmes, espiègles, les dispersent à plusieurs reprises. Mania et notre petit-fils Raphaël qui nous accompagne manquent de se faire écraser par le bétail en furie.
L’aïké, totalement nu, doit sauter à trois reprises sur la vingtaine de taureaux alignés.
S’il échoue, il devient paria et doit s’enfuir loin de sa tribu. Dans ce cas, même ses frères cadets ne pourraient pas passer l’épreuve de l’Ukuli.
Le jeune homme remporte l’épreuve : le voilà adulte. Désormais, il portera le nom du premier taureau qu’il a enjambé.
Voilà, Yvonne, ai-je répondu à vos attentes ?
2 commentaires